jeudi 30 octobre 2008

C'est un petit peu chargé...

... Mais on aime ! Beau tas de canons et de matériel de guerre en tout genre. Le Parti ne doit pas être le seul à aimer la décoration de cette tombe, car quelqu'un a déposé un bouquet de fleur de très bonne taille pour notre défunt camarade.

La honte du cimetière

Nikita Sergueïevitch Khrouchiof (c'est comme ça qu'il faudrait prononcer ce nom répugnant, avec un "ch" chuintant et le "kh" comme le "ch" du verbe allemand "lachen" ou la "jota" espagnole). Ce macaque unijambiste a droit à un buste complètement raté et une stèle effroyable (constatez par vous-même) qui montre bien que les vrais bons citoyens soviétiques n'ont aimé et n'aimeront que Staline, notre père. Les fleurs que vous voyez sont radioactives pour dissuader les gens de s'approcher de cette monstruosité méphistophélique.

L'inventeur du Katioucha, peut-être...

Ou bien un simple artilleur, qui sait ? Quoi qu'il en soit, sa tombe allie la subtilité à la grâce et à la légèreté. Commentaire du camarade Vorochilov : "J'aurais bien vu le camion en-dessous des rampes de roquettes." Voilà qui démontre une fois de plus la clairvoyance du Politburo en matière d'architecture, surtout d'architecture funéraire. Après tout, c'est nous qui avons dessiné les plans du Mausolée de Lénine.

Général Lebed, détail.

Plan rapproché sur le visage bienveillant du général, et sur le bouquet de fleurs idéalement placé par un admirateur. Précision pour l'échelle : il doit faire un mètre 80 assis. Assez impressionnant, le bougre.

Général Lebed

Une des plus belles tombes du cimetière, et également des plus récentes : le général Lebed est mort en 2003, si je ne m'abuse. Sans doute était-ce un gars important, car sa tombe est, parait-il, toujours plus fleurie que ça. Récompense au premier petit komsomol qui nous fournit sa biographie !

Raïssa Gorbatcheva

*glups* Elle... Elle est même pas belle, d'abord, la femme du social-traître ! Aucun intérêt. D'ailleurs, cette photo a été prise par erreur. Merci de ne pas en tenir compte.

mardi 28 octobre 2008

Chewing-gum ? Caramel mou fondu ?

Non, tombe de Boris Eltsine l'innommable. Sa stèle ridicule en forme de chewing-gum à moitié mastiqué montre bien qu'il était vendu à l'impérialisme américain, lui et son complice Gorbatchev !

Célébrissime !

Et maintenant, celui que vous attendiez tous ! Le grand, le très grand, le misthophorique général Bel... Blekolk...Belokoskov, dont les faits d'armes innombrables sont tellement connus de tous que je ne les rappellerai pas ici. Non, nous n'avons rien à dire sur cette statue, hormis qu'elle a une sacrée tenue sur le plan heuristique, et qu'elle est très fleurie.

Un grand humaniste

Nikolai Alexeievitch Koutcherenko, inventeur du char T-34, qui a bouté les fascistes jusque dans leur antre durant la Grande Guerre Patriotique. Vous pouvez admirer à droite les lignes splendides de ce chef-d'oeuvre de technologie prolétarienne. Gloire au T-34 ! Gloire au camarade Koutcherenko !
Cet illustre inconnu a -très- visiblement fait partie de l'artillerie, puis des missiles. Le genre de sa stèle est typique de Novodievitch, plein de grands généraux et d'éminents membres du Parti, mais pas assez éminents pour être enterrés au pied du Kremlin, tout de même.

Cimetière de Novodievitch, première.

Vue générale du cimetière depuis l'entrée. Ça a l'air très grand, ne vous méprenez pas : c'est immense. Nous n'avons pas eu le temps de tout visiter avant la tombée de la nuit. Il faut dire que maintenant, la nuit tombe à 16h30. Eh oui, heure d'hiver oblige.

Monastère de Novodievitch

Le monastère que nous avons visité hier soir. Son cimetière regorge de personnalités illustres (ou moins), parfois abominables. Sans les gardes, nous aurions profané la tombe du macaque unijambiste outre à vodka Khrouchtchev, ainsi que celle de l'ivrogne boiteux Eltsine. Nous nous sommes bornés à prendre des photos, mais ce n'est que partie remise. En attendant, ceci n'est pas le cimetière, mais les dômes du monastère, vus de l'extérieur des remparts.

dimanche 26 octobre 2008

Oups.

La semaine dernière, Alban a acheté des noix. Dans un esprit louable de partage socialiste, il les met à disposition de la collectivité. Malheureusement, le Plan Quinquennal, sans doute en raison d'un sabotage, n'a pas prévu la production de casse-noix. Après quelques essais infructueux pour les briser dans nos doigts puissants (nous ne sommes pas encore assez vernalisés, de toute évidence. Patience !), Ioannis a une "idée" : on n'a qu'à utiliser la charnière de la porte pour faire pression sur les graines cuirassées susnommées. Bilan : "Jamais vu une noix aussi dure, m'enfin !" (Le Parti renvoie les cancres bédéphiles à la lecture assidue de Gaston Lagaffe pour saisir l'allusion). Maintenant, la porte de la cuisine ne ferme plus. Et on ne mange plus de noix. Par contre, on a toujours pas de casse-noix. Mais qu'est-ce qu'on a rigolé.

L'heuristisme se répand !

Amandine le démontre avec éclat : le port de la casquette, obligatoire au sein du Parti, rend immédiatement et durablement heureux ! Vous aussi, devenez heuristiques ! Adhérez au PCUB, et portez de GROSSES casquettes ! On vous en ramènera de Russie.

Le ciel de Moscou

Le même coucher de soleil que précédemment. Ce genre de spectacle nous fait oublier qu'on vit dans un abschijitié pourri. Presque.

Coucher de soleil sur Iugo-Zapadnaïa

Le spectacle qui nous a accueillis au sortir de la station de métro, hier soir. Comme quoi, Moscou, c'est beau. Parfois.

Piotr Illitch Tchaikosvki

"Au grand compositeur russe Piotr Illitch Tchaikovski", annonce le socle de la statue, qui, logiquement, représente Tchaikovski. Eusse-t-elle représenté Beria, que c'eût été plus beau, mais moins logique. À moins de changer aussi le socle. Mais ceci est une autre histoire... Quoi qu'il en soit, cette statue se trouve devant le Conservatoire Beria, heu, Tchaikovski. Logique aussi, d'ailleurs.

Encore un bus.

Dans ce pays, ils sont vraiment adorables. Le look rétro plaît beaucoup au camarade Vorochilov. Le Parti admet que cette photographie manque d'intérêt sur le plan heuristique. Mais sur le plan esthétique, elle est misthophorique !

Bas-relief heuristique

À côté du Conservatoire Tchaïkovksi, on trouve un bloc de béton harmonieux (un bâtiment, au second abord) orné de bas-reliefs de cet ordre. Des gens heureux, comme on en voyait partout dans les rues à l'époque stalino-soviétique. Maintenant, les gens sont moroses. Rendez-nous Staline !

vendredi 17 octobre 2008

Il est génial !

Guénnadi, notre prof de phonétique musicale, nous demande de lui écrire les paroles d'une chanson de Mireille Mathieu (Pardonne-moi ce caprice d'enfant). Ioannis sera celui qui retranscrira le texte. Nous nous y mettons tous pour capter tous les mots... Pas facile. Mais gros succès à la fin : on a réussi à la chanter en formant un frantsouzkiï ansambl magnifique... Moments inoubliables !

mardi 14 octobre 2008

Nouveaux développements idéologiques au sein du groupe GP53-b (notre groupe à la faculté, mais dorénavant, nous le nommerons ainsi, pour des raisons évidentes de portée heuristique). Ce matin, cours avec la douce Isolda Vassilievna. Nous abordons le suffixe -ist, qui, en russe, désigne aussi bien des métiers ("programist", par exemple) que des idéologies. Et là, Isolda Vassilievna craque : "Marxist. Stalinist. Maoist. Peronist. Vi ponemaiete ? Vous comprenez ?" La larme à l'oeil, nous ne pouvons qu'acquiescer de la tête tant l'émotion nous submerge. La lueur d'adoration dans le regard de la délicieuse Isolda Vassilievna est absolument enthousiasmante. Elle l'aime, avons-nous pensé à l'unanimité. Apothéose finale, Isolda nous fait chanter Les Soirs de Moscou, et la conversation dérive sur les chants moscovites. Aussitôt, le Parti entonne à mi-voix la Marche des Défenseurs de Moscou (1941). Dès le refrain, Isolda Vassilievna nous accompagne : elle le connait par cœur ! L'entendre chanter "Ounitsochim vraga !" "Annihilons l'ennemi !" est une expérience inoubliable : jeudi, nous lui ferons chanter Soldaty v put, et en profiterons pour lui demander les paroles du troisième couplet, introuvable sur le net (même sur l'excellent sovmusic.ru, que nous conseillons à tous les amateurs de musique prolétarienne). À tous les coups, elle le connait aussi.

dimanche 12 octobre 2008

Pabiéda ! (Victoire !)

Une navette spatiale américaine a été interceptée par des chasseurs Sukhoï 27 de la VVS (Armée de l'air). Elle a été contrainte de se poser dans Moscou sous nos yeux. L'équipage a été arrêté par la Militsia pour interrogatoire... Encore un rude coup pour l'administration Bush, qui nie tout en bloc malgré l'évidence.

La même église, sous un autre angle. Encore une fois, les câbles du trolleybus envahissent la photo...

Une église

Une église pour le moins impressionnante, à proximité de la station de métro Park Kulturii. Nous communiquerons dès que possible son nom. Elle ne s'appelle peut-être pas "église V.I. Lénine". Quoique dans ce pays, rien n'est impossible...

samedi 11 octobre 2008

Psychosociétologie (marxiste) des professeurs de la podgotovitielny fakultiet (faculté de langue russe) de l'Université Russe de l'Amitié des Peuples

Le Parti est enchanté. Après des débuts difficiles avec nos camarades-professeurs, le voile se déchire sur leur parfaite conformité idéologique avec les canons du stalinisme orthodoxe. Isolda Vassilievna, les larmes aux yeux nous demande de ne pas lire "URSS" -comme indiqué dans nos manuels modernes- mais "Russie", ou encore de dire "Saint-Petersbourg" au lieu de "Leningrad". Indignation dans les rangs du Parti. Patchimou ? Pourquoi ? Les éléments de réponse apportés par ce vénérable personnage sont heuristiques. Voici ces propos, vaguement traduis de l'infâme sabir russo-franco-anglais que la malheureuse est forcée de parler pour se faire comprendre de notre groupe internationaliste (trois français, une brésilienne, un indonésien et parfois un irakien) : "L'URSS n'existe plus. Malheureusement. Du temps de l'URSS, la vie était dure, mais nous étions tous amis. 150 peuples dans 15 républiques, et un seul pays ! Ukrainiens, Géorgiens, Russes, Biélorusses, tous amis ! Maintenant, la vie est plus facile, mais nous ne sommes plus amis. Voilà pourquoi je dis 'malheureusement'."
La foule, qui a écouté ce discours la larme à l'œil, éclate en applaudissement nourris et brandit des portraits de Staline. "Vy znaitie Stalin ?" ("vous connaissez Staline ?"), demande l'adorable créature avec un sourire mutin. Kaniechna, my znaiem ! Bien sûr, que nous le connaissons !
Un peu plus tard dans le cours, Isolda nous décrit son point de vue sur la pacification de la Géorgie. "C'est de la politique sale. Saakachvili (le "président" géorgien, NLDR) est trèèès ambitieux, et il aime le pouvoir. (mimique de circonstance) Voilà pourquoi je dis que c'est une sale histoire." Nous voilà rassurés. Son orientation idéologique est sans défaut.

Dina Nikolaievna (notre second professeur) n'est pas en reste sur le plan du stalinisme. Les mots de "Vielikaya Otietchesvennaya Voyna" (Grande Guerre Patriotique, la 2ème Guerre Mondiale vue par les russes) la plongent en transe. Quand le camarade Vorochilov (François, quoi) utilise son prénom comme exemple (Kliment), elle réagit au quart de tour, telle une Lada bien réglée. "Da ! Kliment Vorochilov. On voyna geroy ! Vsie znaiout ievo !" "Oui ! Kliment Vorochilov ! C'est un héros de guerre ! Nous le connaissons tous !" Ravissement général. Plus tard, quand elle aperçoit les décorations subtiles dont le camarade Molotov a orné la page de garde de son cahier d'histoire (une médaille de l'Armée Rouge, recopiée à la perfection), elle entonne "Svyachennaya Voina" (La Guerre Sainte), un chant patriotique d'époque. Contraste étrange, elle a une voix superbe, sans doute plus faite pour chanter des romances que les paroles... disons entraînantes... de cet hymne martial. Elle connait aussi à la perfection La Varsovienne, et le Parti ne désespère pas de lui faire chanter L'Internationale, voire "Soldaty v put !" (Soldats, en marche !) avant la fin du semestre. Et elle, elle nous autorise et nous encourage à lire SSSR (URSS) dans nos cahiers, quand l'occasion se présente. Ah, et précisons qu'elle est une supportrice fervente du club de football de l'Armée (le CSKA).

L'idéologie stalienne se porte à merveille en Russie, camarades de France. Prenez-en de la graine !

mardi 7 octobre 2008

Faculté d'agrologie

C'est ici que les jeunes soviets brillants apprennent à mettre en pratique la vernalisation des germes de blé, et parfois même (pour les plus géniaux), des vaches. En conséquence, ce bâtiment devrait être renommé "Faculté d'agrobiologie T. Lyssenko".

Leninskii prospekt : Avenue Lénine

De jour, ça n'a pas grand intérêt, sauf pour ceux qui aiment se faire écraser. De nuit, c'est très beau. C'est justement là qu'est le problème. Nous avons envie de rester ici, de faire carrière, et de commander notre propre régiment. J'espère que nous serons toujours amis.

Podmoskovnaya Vietchera

C'est le titre d'une belle chanson. C'est également la légende de ce cliché photographique. En effet, cela signifie "sous le soir de Moscou". Ledit cliché ayant été pris le soir (et à Moscou), c'est parfaitement parfait. J'espère que vous avez suivi, sinon je reprends toute la démonstration. Question subsidiaire : est-ce que vous trouvez ça beau ?

Le destin nous tend les bras :

Sautons ! Un jour ou l'autre. Quand on en aura marre. Depuis le 18e étage, le résultat est garanti.

dimanche 5 octobre 2008

Vue depuis le 18e et dernier étage de l'abschijitié

N'est-ce pas (presque) beau par beau temps ? La forêt est charmante en automne vue de haut. Mais mieux vaut ne pas traîner dedans pour des raisons d'étanchéité thoracique et dermatologique, si vous voyez ce que je veux dire... Il y a aussi de gentils chiens-chiens qui ne demandent que de faire des câlins à leurs futurs nouveaux maîtres.

Le carrosse du Roy


Pardon, mais que dire ? Devant tant de beauté, on ne peut que s'incliner. C'est le rêve de tout homme que de chevaucher pareil blanc destrier ailé.
La mère Russie regorge de ce genre de merveilles sur roues... La-da ! La-da ! La-da !

Test nucléaire sur le campus

Si la splendeur de mille Soleils venait à éclater en même temps dans les cieux, cela serait comparable au rayonnement du Grand Être... Je suis devenu la mort, le destructeur de mondes.

On ne sait pas trop ce que c'est...

... Mais c'est beau, n'est-ce pas ? Par contre comme à chaque fois la photo est en partie mutilée par les câbles de trolleybus qui traînent partout dans cette ville. Et regardez le passage piéton. Il a l'air pas mal, hein ? Sauf que le feu reste rouge en permanence, donc pour traverser, on met sa vie en jeu. Ne réfléchis pas et cours, cours ! Plus vite ! Attention aux 4x4 noirs à vitres fumées ! Maffia ou FSB ? En tout cas ils grouillent par ici.

jeudi 2 octobre 2008

Au détour de Miklukho-Maklaya Ulitsa (notre rue)

Une affiche de propagande pour les commandos parachutistes. "Gdie my - Tam pobeda !" clame l'affiche : "Là où nous sommes est la victoire !", en français. Mais ça sonne nettement mieux en VO, n'est-ce pas ? Encore une fois, nous vous suggérons d'agrandir la photo pour essayer d'y voir quelque chose. Pardonnez la qualité, elle a été prise par un téléphone portable qui fait ce qu'il peut. En tous cas, ça donne une idée de l'atmosphère largement militarisée de ce beau pays : il y a des uniformes partout, parfois portés par des gamins plus jeunes que nous, sans doute des cadets. Voir à ce sujet l'article du Courrier de Russie de la semaine sur l'académie militaire pour gamines orphelines. En tous cas, ça donne un sacré cachet à la foule qui se presse dans le métro, toutes ces casquettes ornées de l'aigle bicéphale. Vivement qu'on ait les nôtres ! Dès que nous avons assez de russe, nous abandonnons nos études pour nous enrôler ! (dans la marine et l'aviation, tout de même. Nous ne sommes pas encore assez allumés -ni brutaux- pour aller tâter de l'armée de terre et de ses pratiques de bizutage... exotiques. Par contre, la Milice, pourquoi pas, comme solution de rechange. Ou le FSB, d'ailleurs (on essaiera de faire des photos de leurs affiches de recrutement dans le métro, un jour prochain).

Park Kultury -détail-

La décoration des piliers du Parc. Sobre, discret, et sans ambiguïté quand à l'idéologie véhiculée.

Park Kultury

Le "Park Kultury" (il vous faut vraiment une traduction ? ça veut dire "service après-vente", évidemment) a été fondé en 1955 pour cultiver les prolétaires moscovites et leur permettre de passer une après-midi agréable dans un cadre idyllique. Aujourd'hui, c'est un gigantesque parc d'attractions plein d'enseignes criardes à mille lieues de la modestie et de l'harmonie de l'entrée du parc (sur la photo). Quelle décadence !

La contagion s'étend.

Elle atteint désormais l'ordinateur du camarade Vorochilov, qui s'est mis à son tour aux normes idéologiques du Parti. Faisons les présentations : le bébé s'appelle Vassia, et il est heuristique. D'ailleurs, la légende l'affirme : "On naît heureux sous l'étoile soviétique !" (pensez à agrandir la photo en cliquant dessus pour mieux voir notre nouvelle mascotte)